Le 28 novembre 1913, un Conseil de guerre du XIème corps d’armée a lieu à Nantes.
Pourquoi ?
Voici l’histoire de la poule du camp de Meucon (Morbihan).
Le Conseil a été saisi d’une affaire qui eut un certain retentissement à l’époque où elle se produisit, au camp de Meucon.
Qui sont-ils ?
Une petite présentation s’impose :
- François-Marie Gourlet
Il est âgé de 27 ans, né à Quimperlé (Finistère), il est boulanger.
- Joseph Victor Godard
Il est âgé de 27 ans, né à Saint Herblain (Loire-Atlantique), il est maréchal-ferrant.
- Archange Surcouf
Il est âgé de 25 ans, né au Mans (Sarthe), il est galochier.
- Joseph-Marie Blanchard
Il est âgé de 27 ans, né à Plessé (Loire-Atlantique)
- François Fer
Il est âgé de 27 ans, né à Nantes (Loire-Atlantique, il est manœuvre.
- Jules-Henri Terrien
Il est âgé de 25 ans, né à Angers (Maine et Loire), il est boucher.
- René Conan
Il est âgé de 28 ans, né à Pont l’Abbé (Finistère), il est tailleur.
- Jean-Marie Cozian
Il est âgé de 29 ans, né à Lampaul (Finistère), il est cultivateur.
Ces huit réservistes étaient dans ce camp depuis le 8 octobre 1913, ils accomplissaient une période d’instruction, quittaient le camp pour aller à quelques kilomètres de là, chercher du tabac. Terrien était lui puni de prison.
Puit vint la journée du 12 octobre 1913.
Les huit réservistes firent de fréquentes stations dans les buvettes et vers 16 h ils se trouvèrent réunis devant le local réservé aux militaires détachés en permanence au camp.
Mais apparemment le liquide ne suffisait pas… sans doute, car Joseph Victor Godard alla chez le gardien du champ de tir et lui déroba une…poule !
C’est alors qu’un gendarme leur demanda ce qu’étaient devenue la poule et les réservistes répondirent : « nous ne le l’avons pas ; fouillez -nous si vous voulez ! »
Cela aurait pu s’arrêter là… mais non !
Et que devint la poule lors de cette mêlée ?
Oui la pauvre poule fut déchiquetée ! Elle n’avait rien fait elle !
Lors de l’audience du 28 novembre 1913, évidemment les 8 inculpés tentent de minimiser les faits.
D’après les inculpés, c’est à ce moment que les gendarmes arrivèrent pour leur demander qui avait volé une poule ; c’était Godard qui l’avait ensuite passée à Gourlet, qui l’avait mise dans son pantalon.
Mais évidemment il y a deux versions de cette histoire. Les gendarmes eux aussi se défendent.
Un artilleur colonial, qui gardait le baraquement, confirme la déposition précédente ; pour lui la scène a été grave. Il a parfaitement entendu les cris de « Vive l’anarchie ! » poussés par des soldats.
Vient l’heure du réquisitoire.
C’est M. le commandant Gaudiche qui le prononce.
Il y a d’abord eu le vol de cidre, puis le vol de la poule, ces injures proférées par les inculpés contre les gendarmes et des cris séditieux. Il fait remarquer que Terrien n’a pas participé au vol militaire et qu’il a offert de rembourser la poule. Mais tous ces inculpés ont un passé peu recommandable et ont plus ou moins leur part de responsabilité dans cette affaire grave ; c’est pourquoi le Conseil tiendra à se prononcer avec l’énergie qui convient.
Puis vient le moment de la plaidoirie.
Après une demi-heure de délibération, le Conseil rapporte le jugement suivant :
Godard et Gourlet sont condamnés à deux ans de prison ; Fer, Blanchard, Surcouf, Cozian et Conan, chacun à un an de prison : Jules Terrien est acquitté.
Oui il y a une justice aussi pour les poules !
Sources :
Généanet
Archives départementales de la Loire-Atlantique
Pauvre poule ! J'espère qu'elle était déjà morte au moins...